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#Liban : entre émancipation et implosion ? 11 mn entretien avec #JeanMarieQuéméner - 11 mn

#Liban : entre émancipation et implosion ? 11 mn entretien avec #JeanMarieQuéméner - 11 mn

Ajoutée le 9 avr. 2017

Entretien avec Jean-Marie Quéméner, grand reporter, auteur de "Liban, la Guerre sans fin", (éd. Plon).
14 années d'une guerre fratricide, une paix réinstallée depuis 1989, des divisions toujours très présentent dans une politique oscillant entre promesse du pire et petits arrangements. Le Liban doit « s’accommoder » du conflit syrien au risque d'une extension sur son propre territoire. Ancien correspondant de presse au Liban, Jean-Marie Quéméner rappelle que « la seule force du Liban reste les Libanais. C'est aussi sa principale faiblesse ... »


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Liban : INTERNATIONAL :: SOLIDARITÉ :: Chiites hébergent réfugiés syriens

Liban : INTERNATIONAL :: SOLIDARITÉ :: Chiites hébergent réfugiés syriens | Infos en français | Scoop.it

LIBAN • Loin du cliché de l’accueil des réfugiés syriens par les seules communautés sunnites du Liban, à Hermel, bastion du Hezbollah, on fait passer la solidarité humaine avant la politique.

Perdue dans une vallée qui se déploie jusqu’à la frontière syrienne, Hermel ressemble à une oasis qui vit au rythme des saisons. Les hivers y sont secs et les étés arides. Dans les rues fleuries de la ville, les portraits du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, côtoient ceux des martyrs, morts pour la résistance. Depuis plusieurs mois, les 50 000 habitants de cette ville de la Bekaa, région de l’est du Liban, suivent de près la crise syrienne. Le soutien de la municipalité au régime de Bachar al-Assad n’a pas empêché l’afflux des réfugiés. A l’instar de Beyrouth, Tripoli ou Ersal, Hermel accueille aussi son lot de déplacées syriens. Au total, 151 familles y ont trouvé refuge. La plupart n’ont pas choisi la ville au hasard. Bien souvent, une sœur, un cousin, un oncle ou un ami y habite. Cette ville de la frontière a tissé un lien très étroit avec la Syrie. Les relations familiales, les mariages mixtes et les nombreux échanges commerciaux y sont pour beaucoup.
Comme Zahra* et Asma, aujourd’hui, une grande partie des réfugiés sont sunnites. Il y a trois mois et demi, ces deux femmes ont dû fuir la ville de Qoussair, proche de Homs. «Les bombardements et les snipers étaient tellement présents que nous n’avions même plus le courage de regarder par la fenêtre», racontent-elles d’une voix calme. Peu avant leur départ, Asma a perdu son mari. L’homme a reçu cinq balles alors qu’il se rendait au travail. «Mon enfant ne connaîtra jamais son père», lance-t-elle en le regardant. C’est enceinte de huit mois qu’elle a traversé la frontière.

Sunnites et chiites
Désormais, ces femmes vivent avec leurs enfants dans un appartement, loué 100 dollars par mois. Pour les accueillir, les pièces ont été meublées et les murs lessivés. Ce jour-là, elles sont assises dans une des pièces du séjour. On aperçoit derrière elles une pile de matelas encore dépourvus de protection, et une machine à coudre. Depuis leur arrivée, le mari de Zahra travaille à domicile. Son maigre salaire permet de payer le loyer.
Cet appartement appartient à une famille chiite de Hermel. «Pour nous la confession n’a aucune espèce d’importance. En Syrie, nos voisins étaient chrétiens et alaouites», insiste Zahra, tout en donnant le sein à son petit dernier. Ici, les habitants ne leur demandent jamais à quelle communauté elles appartiennent. Mais dans cette ville où les portraits de Bachar el-Assad sont toujours exposés, certains tentent de connaître leurs opinions politiques. «Quelques curieux demandent parfois à mes enfants si leur famille est avec ou contre le régime. Je n’aime pas ces questions et je n’aime pas que l’on mêle ma famille à la politique», raconte Asma, alors que ses filles viennent de s’endormir devant le dessin animé Popeye.
Dans le bureau flambant neuf du maire de Hermel, on insiste «sur l’ouverture des habitants»: «La majorité des déplacés sont sunnites et ce n’est pas pour cela qu’ils sont agressés, explique-t-il. Certaines personnes tentent d’exploiter la division entre chiites et sunnites.» Il affirme également que plusieurs réfugiés soutiennent l’opposition et que certains en feraient même partie. «Tant que ces gens-là ne réagissent pas de manière agressive envers les autres, il n’y a pas de problème.» Mais ce jour-là, impossible d’en rencontrer. «Ils se font discret», nous dit-on.

«Aucun obstacle»
Depuis le début de la crise syrienne, les politiques du 14 mars, actuellement dans l’opposition, accusent le Hezbollah d’être en désaccord avec l’aide qui est offerte aux réfugiés. Les médias se concentrent avant tout sur les aides apportées dans les régions sunnites libanaises. Ismaïl Chahin, travailleur social à Hermel pendant de longues années, raconte qu’il a été difficile de faire venir les ONG. «Les associations ont longtemps douté de la présence de réfugiés à Hermel. Comme tout le monde, elles pensaient qu’ils étaient uniquement présents dans les régions sunnites et imaginaient que les régions chiites étaient trop dangereuses pour eux car pro-régime.» L’homme a dû lourdement insister pour que l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) acceptent de se déplacer. «Quand ils sont venus, ils ont vite compris ce qu’il se passait et ont décidé d’agir.»
Depuis, c’est Talal Iskander, un élu de quartier, qui s’occupe de gérer les fonds déployés par l’UNHCR. «On les aide pour tout, la majorité sont arrivés sans rien», dit-il. Les aides sont donc aussi diverses que les besoins. Distribution de couvertures, de tapis de sol, d’ustensiles de cuisine, de matelas, de boîtes de conserve, de couches pour bébé, etc. La ville offre également un accès aux soins. Les blessés les plus graves doivent passer par Hermel avant d’être acheminés dans le nord du Liban, région où l’UNHCR a ouvert ses hôpitaux. Les soins ordinaires sont assurés dans les hôpitaux de la ville et financés par le Hezbollah, «peu importe la confession et les opinions politiques» du patient.

Soutien du régime
C’est le cas de Fatima. A son arrivée, elle est hospitalisée une semaine pour dépression. Cette femme à la djellaba beige et marron est originaire de Homs. «Nous avons été menacés par des groupes armés parce que mon mari soutenait le régime. Nous sommes restés enfermés une semaine avant de quitter la ville», raconte-t-elle, assise sur une chaise en plastique. Aujourd’hui, cette famille a trouvé refuge dans un appartement qu’ils louent. Fatima affirme que «le comité social nous a aidés à meubler l’appartement et nous donne régulièrement de l’argent».
Hassan est le propriétaire de l’appartement qu’ils occupent. Amputé d’une jambe et aveugle, ce quinquagénaire peine à s’asseoir. Pour lui, «ces gens sont des êtres humains, ils ont fui la mort, c’est normal de les accueillir». Cet homme que la vie n’a pas épargné «se fiche» bien des considérations confessionnelles. Il se souvient de l’accueil que les Syriens ont réservé aux habitants de Hermel lorsqu’à l’été 2006 beaucoup d’entre eux ont fui la ville de peur que les bombardements israéliens s’abattent aussi sur leur tête.
Aujourd’hui, Fatima et son mari refusent de parler de «révolution». «Deux de mes cousins ont été retrouvés sans yeux et sans oreilles, alors que l’on utilise pas ce mot devant moi», lance-t-elle en colère. Qu’ils soient du côté de l’opposition ou du régime, ces réfugiés souhaitent avant tout regagner leur pays. Lorsque je leur demande quel nom ils souhaitent choisir, Fatima répond: «Appelez-nous ‘les opprimés qui ont quitté malgré eux leur maison’.» I
*Tous les prénoms ont été modifiés.

Les Libanais fuient aussi le chaos
Depuis le début de la crise syrienne, Hermel accueille également des Libanais de Syrie. Ces familles sont aujourd’hui au nombre de quatre-vingts. Elles détiennent la nationalité libanaise mais vivent depuis longtemps de l’autre côté de la frontière. C’est le cas de Souha. Cette enseignante, à la djellaba noire et au visage grave, a toujours vécu en Syrie: «Je me sens davantage Syrienne que Libanaise. Mes parents sont nés en Syrie et moi aussi. Je n’ai pas de famille ici.»
Elle affirme que les associations s’intéressent davantage aux Syriens qu’aux Libanais. «Personne n’est venu me voir pour me proposer de l’aide», dit-elle. Une voisine syrienne rétorque: «Comme ils ont la nationalité libanaise, ils peuvent au moins trouver un travail.» Depuis son arrivée à Hermel, Souha a trouvé un poste d’enseignante et son mari continue d’exercer comme médecin. Cette situation leur permet de vivre sans avoir à réclamer les aides sociales.

L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a longtemps refusé d’attribuer le statut de «déplacé» à ces Syriens. «Elle considérait que ces gens revenaient dans leur pays d’origine», explique l’élu de quartier Talal Iskander. Mais comme Souha, beaucoup n’ont plus de famille au Liban. «Ces gens ont tout perdu. Leur vie, leur maison, leur travail étaient en Syrie», rappelle l’élu.

La municipalité a toujours refusé que seuls les Syriens profitent de l’aide des ONG. Cette injustice aurait pu engendrer des tensions au sein de la ville. «Une fois qu’elles ont compris ça, elles ont accepté d’intégrer les Libanais dans leur programme.» FAI

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Au Liban, les examens de la honte

Au Liban, les examens de la honte | Infos en français | Scoop.it
Des hommes suspectés d'homosexualité, punie par la loi au Liban, sont contraints de soumettre leurs parties anales à l'examen d'un médecin pour déterminer leur orientation sexuelle.

Dans l'austérité des casernes de police, après qu'on leur a intimé l'ordre de se déshabiller puis de se pencher en avant ou de s'accroupir, ils sont contraints de soumettre leurs parties anales à l'examen d'un médecin pour déterminer leur orientation sexuelle. Ils ? Des individus suspectés d'homosexualité, punie par la loi au Liban, pourtant jugé plus tolérant que d'autres pays arabes.
Cette pratique humiliante, connue dans les milieux homosexuels mais ignorée du grand public, vient d'être dénoncée par plusieurs associations libanaises. "Nous avons brisé le silence", dit Nizar Saghieh, avocat engagé dans de nombreux combats de la société civile et fondateur de l'ONG L'Agenda juridique, à l'origine de la conférence organisée fin mai à Beyrouth sur ces "examens de la honte".

Tout est parti, raconte l'avocat, du calvaire de trois jeunes hommes interpellés en avril près du domicile beyrouthin d'un leader politique libanais. Espions, comploteurs, militants politiques ? Rien de cela, révèle l'interrogatoire. L'affaire aurait dû s'arrêter là. Seulement, l'un des suspects est jugé efféminé par les forces de sécurité. Les trois camarades sont donc conduits à un autre poste de police de la capitale, spécialisé dans les affaires de moeurs, et soumis à un test anal pour déterminer leur homosexualité - après une nuit en garde à vue. "Ces jeunes hommes n'avaient rien fait de suspect, ce qui souligne le caractère aberrant de cette méthode", note M. Saghieh.

D'autant que les tests, qui ne peuvent en théorie être effectués que sur autorisation du procureur, n'ont aucune valeur scientifique. "Les médecins légistes reconnaissent que la forme de l'anus ne constitue pas une preuve déterminante ni suffisante [d'homosexualité]. Selon eux, seule la présence de sperme dans ces parties peut prouver l'acte [sexuel] ; or cela suppose une pénétration non protégée. Dans les faits, les médecins se contentent de prendre des photos de l'anus, ce qui rend leur expertise d'une incertitude totale, tout en constituant une atteinte aussi inutile qu'immorale", poursuit l'avocat.

Alors, pourquoi maintenir ces tests si, outre leur caractère dégradant, ils n'ont aucune valeur ? "Il y a quelque chose de pervers, une jouissance malsaine à soumettre de présumés homosexuels à de tels examens", estime Alexandre Paulikevitch, artiste et activiste de la société civile. Selon lui, les efforts pour dénoncer les pratiques qui ont cours dans les casernes de police doivent "aller plus loin. D'autres techniques d'humiliation sont utilisées pour briser les homosexuels, au-delà des tests anaux".

On cherche à avilir, mais aussi à intimider : c'est l'accusation portée par les différentes associations qui ont pris part à la conférence sur les "examens de la honte". Pour Human Rights Watch, qui a documenté des sévices similaires infligés en Egypte après des arrestations massives dans une boîte de nuit gay en 2001, les tests anaux équivalent à des "actes de torture". M. Saghieh met en cause les pressions exercées : "La police veut donner l'impression qu'elle a les moyens de savoir. L'expertise du médecin sert principalement à intimider le suspect et à l'amener à avouer, en faisant valoir que, si l'homosexualité est découverte lors de l'examen, la sanction encourue sera plus sévère."

Pour L'Agenda juridique, la campagne de mobilisation ne s'arrête pas là. Fin juin, c'est sur les tests de virginité que l'ONG veut porter la lumière. Leurs principales victimes ? Les femmes soupçonnées de prostitution. Ils sont aussi réalisés lors de plaintes, quand un homme est accusé d'avoir eu une relation sexuelle avec une jeune femme non mariée, "la plupart du temps à l'initiative de la famille de celle-ci, pour lancer une poursuite en cas de promesse de mariage non tenue, explique Nizar Saghieh. Dans les deux cas, tests de virginité ou tests pour déterminer l'homosexualité, il y a une grave atteinte à l'intimité et à l'intégrité physique de la personne et... aucune preuve".

Si l'homophobie reste répandue au Liban, les révélations sur les "examens de la honte" ont suscité de nombreuses réactions d'indignation, notamment sur les réseaux sociaux. Les autorités, elles, sont restées silencieuses. Le tollé provoqué permettra-t-il d'ouvrir le débat sur la validité de l'article 534 relatif à l'homosexualité, qui punit les "relations sexuelles contre nature" ? "Il serait temps, considère Alexandre Paulikevitch. Les autres pays de la région font la révolution, et nous, au Liban, nous restons à discuter du maintien en vigueur de l'article 534."

Laure Stéphan

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Beyrouth / La Voix est Libre par Blaise Merlin

Beyrouth / La Voix est Libre par Blaise Merlin | Infos en français | Scoop.it
"Notre genèse éternelle ne fait que commencer" Il faut que je vous dise. Nous (Fantazio, Elise Caron, Peter Corser, Ulash Osdemir, Sam Karpiena, Pascal Contet, Marlène Rostaing, Ba'ha (le libanais)...
Juan Carlos Hernandez's insight:

Cette ville est folle, vraiment folle, rien de semblable ce que j’avais vécu jusqu’ici (même si ça rappelle Naples sous certains aspects, sauf que le volcan qui plane au-dessus des têtes est d’une toute autre nature…). J’ai surtout compris – comme tous ceux qui passent un peu de temps ici – que je n’avais rien compris aux questions politiques et culturelles du Proche-Orient (mais comme dit un dicton local, « si tu comprends le Liban, c’est qu’on te l’as mal expliqué ! »). Les gens sont sur le qui-vive depuis qu’un village a été bombardé, le premier ministre a démissionné avant-hier, un acte salué par des tirs de mitraillette et des feux d’artifice dans certains quartiers… Rien de « grave » pour l’instant, la vie suit son cours, mais les gens ont vraiment peur de ce qui va se passer dans les prochaines semaines et les prochains mois, la ville retient son souffle tout en continuant à faire la fête et à se reconstruire, les vieux immeubles qui subsistent ça et là étant encore criblés des tirs de mitraillettes et de mortiers datant de la guerre civile. Les gens déplorent que les occidentaux ne soient pas intervenus plus tôt en Syrie, car l’opposition (au départ démocrate) est peu à peu devenu un micmac de milices plus ou moins extrémistes qui récupèrent les armes envoyées pour soutenir les rebelles, alors tout le monde redoute la chute de Bachar El Assad (surnommé « le fils du boucher », car son père était au moins aussi sanguinaire que lui).

Et ce n’est qu’un paradoxe parmi d’autres… car, s’il fallait résumer cette ville en mot, ce serait SCHIZOPHRÈNE (conservatisme/modernisme, pauvreté omniprésente/richesses ostentatoires, liberté/autocensure, anarchie et chaos absolus dehors/élégance et raffinement total à l’intérieur, subversion/manipulation, résistance artistique et intellectuelle/dérapages identitaires et religieux). Un sentiment admirablement résumé par mon chauffeur libanais, un mec adorable d’une cinquantaine d’année : « Avant et même pendant la guerre civile, c’était la fête, la liberté, l’espérance, et on était armés pour défendre notre quartier nous-mêmes contre les milices syriennes, maintenant tout est corrompu et manipulé par les intérêts russes, arabes ou occidentaux, l’Etat est en lambeaux, alors ce qu’il nous manque, c’est une vraie et bonne dictature pour remettre tout le monde à sa place à coups de bâtons dans le cul ! » ici le Hezbollah est populaire, même auprès des chrétiens, car c’est le seul parti à ne pas être entièrement corrompu par les investisseurs locaux et surtout étrangers, et à se concentrer sur les questions sociales, l’Etat étant inexistant, et l’armée, un spectre qu’on voit errer un peu partout dans la ville, à l’abri d’une guérite ou d’un tank faisant partie du mobilier urbain. Bref, les bons et les gentils, le bien, le mal, se résument difficilement au clichés de notre journal de 20h, quand bien même on en parlerait encore après 25mn de baratin sur les dernières chutes de neige !

Pour nous, Beyrouth restera aussi ce lieu de fête invraisemblable, où nous chavirâmes dans un bar à chicha à l’air libre au pied d’une autoroute, où les femmes (sublimes, soit dit en passant) et hommes de tous âges grimpaient sur les tables au son des morceaux de Oum Khalsoum ou de Lili Boniche, joués frénétiquement par de magnifiques musiciens locaux, nous entraînant à danser au milieu des odeurs de grillades jusqu’à des heures indues (ça m’a fait remonter les souvenirs enfouis des fêtes de villages grecs de mon enfance) ! Le Paris d’aujourd’hui va me sembler triste et artificiel à mon retour, alors que Beyrouth est la capitale la plus affreuse qu’il m’ait été donné de voir… quand je pense que la Goutte d’Or recelait de lieux et de cabarets comme celui là il n’y a pas encore si longtemps que ça, avant que la télé, la spéculation et le formatage économique et culturel ne foutent tout ça en l’air. Heureusement que nos fabuleux cheptels de doux-dingues, acrobattants, voltigistes et troubadours des temps modernes résistent encore, mais une chose et sûre, pour moi (je le voyais venir depuis quelques temps) : plus rien ne pourra être tout à fait comme avant, après cette nuit que nous venons de vivre, voyage de tous les voyages, départ sans fin, point d’orgue inespéré de nos douze années de métissage musical, de rencontres et de confrontations entre les lieux les plus éloignés, connus ou insoupçonnés de nos mémoires, de nos atlas intérieurs, de nos racines et de nos c(h)œurs. Je redécouvre ce que la musique est capable de produire sur nous, effet vocable et irrévocable… alors que j’ai longtemps continué à penser et à croire que seuls le théâtre et ses dérivés poétiques et dramaturgiques pouvaient agir sur la conscience sociale de l’homme… mais le mystère ne fait que s’enrichir (mais, « jusqu’où ça commence la musique ? » [Bernard Lubat]), et l’homme, encore et toujours, aspire, espère et s’inspire à devenir humain. Ce que nous sentons quand, « dans le souffle rythmique et l’organique de l’improvisation (la vie quoi !), surgit la voix de l’Autre. »

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 29, 2013 5:23 AM

"...

Cette ville est folle, vraiment folle, rien de semblable ce que j’avais vécu jusqu’ici (même si ça rappelle Naples sous certains aspects, sauf que le volcan qui plane au-dessus des têtes est d’une toute autre nature…). J’ai surtout compris – comme tous ceux qui passent un peu de temps ici – que je n’avais rien compris aux questions politiques et culturelles du Proche-Orient (mais comme dit un dicton local, « si tu comprends le Liban, c’est qu’on te l’as mal expliqué ! »). Les gens sont sur le qui-vive depuis qu’un village a été bombardé, le premier ministre a démissionné avant-hier, un acte salué par des tirs de mitraillette et des feux d’artifice dans certains quartiers… Rien de « grave » pour l’instant, la vie suit son cours, mais les gens ont vraiment peur de ce qui va se passer dans les prochaines semaines et les prochains mois, la ville retient son souffle tout en continuant à faire la fête et à se reconstruire, les vieux immeubles qui subsistent ça et là étant encore criblés des tirs de mitraillettes et de mortiers datant de la guerre civile. Les gens déplorent que les occidentaux ne soient pas intervenus plus tôt en Syrie, car l’opposition (au départ démocrate) est peu à peu devenu un micmac de milices plus ou moins extrémistes qui récupèrent les armes envoyées pour soutenir les rebelles, alors tout le monde redoute la chute de Bachar El Assad (surnommé « le fils du boucher », car son père était au moins aussi sanguinaire que lui).

Et ce n’est qu’un paradoxe parmi d’autres… car, s’il fallait résumer cette ville en mot, ce serait SCHIZOPHRÈNE (conservatisme/modernisme, pauvreté omniprésente/richesses ostentatoires, liberté/autocensure, anarchie et chaos absolus dehors/élégance et raffinement total à l’intérieur, subversion/manipulation, résistance artistique et intellectuelle/dérapages identitaires et religieux). Un sentiment admirablement résumé par mon chauffeur libanais, un mec adorable d’une cinquantaine d’année : « Avant et même pendant la guerre civile, c’était la fête, la liberté, l’espérance, et on était armés pour défendre notre quartier nous-mêmes contre les milices syriennes, maintenant tout est corrompu et manipulé par les intérêts russes, arabes ou occidentaux, l’Etat est en lambeaux, alors ce qu’il nous manque, c’est une vraie et bonne dictature pour remettre tout le monde à sa place à coups de bâtons dans le cul ! » ici le Hezbollah est populaire, même auprès des chrétiens, car c’est le seul parti à ne pas être entièrement corrompu par les investisseurs locaux et surtout étrangers, et à se concentrer sur les questions sociales, l’Etat étant inexistant, et l’armée, un spectre qu’on voit errer un peu partout dans la ville, à l’abri d’une guérite ou d’un tank faisant partie du mobilier urbain. Bref, les bons et les gentils, le bien, le mal, se résument difficilement au clichés de notre journal de 20h, quand bien même on en parlerait encore après 25mn de baratin sur les dernières chutes de neige !

Pour nous, Beyrouth restera aussi ce lieu de fête invraisemblable, où nous chavirâmes dans un bar à chicha à l’air libre au pied d’une autoroute, où les femmes (sublimes, soit dit en passant) et hommes de tous âges grimpaient sur les tables au son des morceaux de Oum Khalsoum ou de Lili Boniche, joués frénétiquement par de magnifiques musiciens locaux, nous entraînant à danser au milieu des odeurs de grillades jusqu’à des heures indues (ça m’a fait remonter les souvenirs enfouis des fêtes de villages grecs de mon enfance) ! Le Paris d’aujourd’hui va me sembler triste et artificiel à mon retour, alors que Beyrouth est la capitale la plus affreuse qu’il m’ait été donné de voir… quand je pense que la Goutte d’Or recelait de lieux et de cabarets comme celui là il n’y a pas encore si longtemps que ça, avant que la télé, la spéculation et le formatage économique et culturel ne foutent tout ça en l’air. Heureusement que nos fabuleux cheptels de doux-dingues, acrobattants, voltigistes et troubadours des temps modernes résistent encore, mais une chose et sûre, pour moi (je le voyais venir depuis quelques temps) : plus rien ne pourra être tout à fait comme avant, après cette nuit que nous venons de vivre, voyage de tous les voyages, départ sans fin, point d’orgue inespéré de nos douze années de métissage musical, de rencontres et de confrontations entre les lieux les plus éloignés, connus ou insoupçonnés de nos mémoires, de nos atlas intérieurs, de nos racines et de nos c(h)œurs. Je redécouvre ce que la musique est capable de produire sur nous, effet vocable et irrévocable… alors que j’ai longtemps continué à penser et à croire que seuls le théâtre et ses dérivés poétiques et dramaturgiques pouvaient agir sur la conscience sociale de l’homme… mais le mystère ne fait que s’enrichir (mais, « jusqu’où ça commence la musique ? » [Bernard Lubat]), et l’homme, encore et toujours, aspire, espère et s’inspire à devenir humain. Ce que nous sentons quand, « dans le souffle rythmique et l’organique de l’improvisation (la vie quoi !), surgit la voix de l’Autre. »"

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Participation des femmes à la vie politique : le Liban à la traîne

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Sans réforme de la loi électorale, il est à parier que les prochaines législatives, prévues au printemps 2013, ne verront pas d’augmentation sensible du nombre de femmes au Parlement.Le droit de vote et de participation à la vie politique, les femmes libanaises l’ont pourtant obtenu en... 1953.

 

Anne-Marie EL-HAGE

Aucune femme ministre dans l’actuel gouvernement présidé par Nagib Mikati. Juste 4 femmes députées au sein d’un Parlement formé de 128 parlementaires, soit 3,12 % de la Chambre. Toutes quatre filles, épouses, ou sœurs d’hommes politiques influents, morts ou encore en vie. C’est à ce chiffre dérisoire que se limite en juin 2012 la participation de la femme libanaise à la vie politique, au pays du Cèdre. Un tableau pire qu’en 2005. Le Parlement comptait alors 6 femmes, comme le décrit la chercheuse Mona Chemaly Khalaf dans une étude sur le statut des femmes, publiée en 2010. « Mais deux d’entre elles se sont éclipsées de la scène politique en 2009 pour laisser la place à leurs fils », précise-t-elle à ce propos. On est encore loin de la parité entre hommes et femmes, récemment consacrée par le président français, François Hollande, dans le gouvernement qu’il a formé. « Le Liban se vante. Mais il recule à ce niveau alors que tous les pays arabes évoluent », constate la députée Gilberte Zouein.

Système patriarcal, féodal et confessionnel
Telle est la réalité libanaise à un an des prochaines élections législatives, prévues au printemps 2013. Une réalité qui ne devrait pas trop changer dans l’immédiat, en l’absence de la moindre volonté du gouvernement actuel de réformer la loi électorale et de mettre en place un système de quotas qui permettrait aux femmes de prendre part, de manière active, à la vie politique du pays. « Le système politique actuel est hermétique aux nouveaux entrants, non seulement les femmes, mais aussi les jeunes, les indépendants ou les partis politiques non traditionnels », observe Ayman Mhanna, consultant politique et membre du comité exécutif du Renouveau démocratique. « Le vote à caractère confessionnel ou géographique impose déjà des quotas aux électeurs. À tel point qu’il est quasiment impossible d’introduire encore un quota pour les femmes », explique-t-il. Sans compter que les partis politiques peinent encore à donner aux femmes des places de leader ou à se faire représenter par elles, malgré la présence de femmes de grandes capacités au sein des partis.
Dans cet état des lieux, même la plus militante, voire la plus compétente des femmes ne peut espérer se tailler une place. « Pour se faire élire, il faut beaucoup d’argent, note Iqbal Doughan, présidente de la Ligue de la femme active au Liban. Or les femmes n’en ont pas ou n’en ont pas assez, vu qu’elles ne représentent pas une force économique. » En 2012, le taux d’emploi des femmes stagne à 27 % contre 71,5 % pour les hommes. « Sans oublier que les femmes elles-mêmes ne votent pas pour leurs pairs du même sexe, précise-t-elle. C’est pourquoi nous réclamons un quota féminin, non seulement sur les listes, mais aussi au niveau des sièges. »
Il est, de plus, évident que chaque femme de plus au Parlement ou au gouvernement est un siège de moins pour l’homme. La prédominance d’un système patriarcal, féodal et confessionnel, empreint d’une mentalité machiste et sexiste, n’étant pas pour faciliter la tâche aux femmes attirées par la vie politique. Difficile pour elles, dans ce contexte, d’envisager une quelconque amélioration de leur situation et d’espérer devenir prochainement les égales de leurs compatriotes de sexe masculin. Les législateurs, des hommes en grande majorité, ne semblent toujours pas convaincus de la nécessité de se pencher sur les droits et les revendications des femmes de leur pays, concernant notamment la violence conjugale, la transmission de la nationalité, le statut personnel ou le code du travail.

Quatre femmes au Parlement
Ce ne sont pas les quatre femmes au Parlement qui réussiront à faire bouger les choses, d’autant qu’aucune d’entre elles n’a jusque-là osé taper du poing sur la table pour porter haut la cause féminine, mises à part quelques timides tentatives. Il suffit de constater leur désintérêt affiché lors du dernier débat de politique générale au Parlement. Non seulement aucune d’entre elles n’a jugé bon de s’exprimer pour défendre les revendications de la femme libanaise, mais de plus, trois d’entre elles ont brillé par leur absence. « Toutes quatre membres de puissants partis politiques, elles ont les mains liées et ne bénéficient d’aucune indépendance », estime Aman Chaarani, universitaire, chercheuse et présidente du Conseil libanais pour les femmes. Ex-candidate malheureuse aux législatives face aux puissantes machines électorales, Mme Chaarani n’envisage pas de se présenter en 2013. « Je veux garder mon indépendance. C’est le meilleur moyen de servir la cause féminine. » Elle réclame surtout un quota féminin de 30 % de sièges au Parlement. Pour cette militante des droits de la femme, les femmes parlementaires n’ont pas travaillé pour la Libanaise. « Elles ont plutôt œuvré au sein de leurs associations ou dans leurs régions, et n’ont pas réussi à convaincre leurs collègues hommes et leurs blocs de la nécessité de changer les lois discriminatoires », regrette-t-elle. De son côté, Ayman Mhanna souligne que « ce comportement découle de la culture du messianisme du leadership au sein des partis libanais. Une culture liée à la maladie qui gangrène la vie politique libanaise ».
Le tableau de la participation féminine à la vie politique est certes noir, souvent déprimant. Mais la situation est loin d’être désespérée. Car les choses évoluent, même si le changement est lent et pas toujours perceptible. C’est au sein des conseils municipaux que l’évolution est la plus marquante, après une longue période de stagnation. Les élections municipales de 2010 ont porté 530 femmes aux conseils municipaux, sur 11 326 élus, selon une étude conduite par le National Democratic Institute (NDI), qui se base sur les chiffres fournis par le Conseil libanais pour les femmes. L’organisation américaine, qui travaille avec les femmes pour les aider à développer leurs capacités, a formé plusieurs dizaines de femmes libanaises au travail municipal.

Découragement des femmes
Ces chiffres, quoique bien en deçà des aspirations féminines, portent à 4,68 % la participation féminine en 2010 aux conseils municipaux. Une participation qui a presque doublé, après avoir stagné en 1998 et 2004 autour de 2,5 %. Car les élections municipales ne sont pas basées sur des considérations confessionnelles, mais plutôt sur des choix familiaux. Les freins demeurent pourtant. « Les femmes elles-mêmes rechignent à se présenter car elles considèrent la politique comme sale, corrompue, ce qui les décourage », note Samantha Smoot, directrice du bureau libanais du NDI. « C’est aussi leur entourage qui les décourage souvent, non seulement leur famille, mais aussi leurs partenaires du conseil municipal, qui ont encore de la difficulté à les considérer comme étant leurs égales », ajoute-t-elle.
Autre évolution notable, le matraquage des organisations féministes qui ont réussi à faire de la cause féminine une cause publique. Et ce malgré l’absence de réactivité des autorités et l’inertie des femmes libanaises, peu intéressées par la politique et peu soucieuses de leurs droits de manière générale. « Nous multiplions les manifestations pour revendiquer une plus grande participation de la femme à la vie politique, notamment par l’application du système des quotas, affirme Joumana Merhy, présidente du Rassemblement démocratique des femmes libanaises. Nous réclamons que soit adoptée la loi contre la violence domestique, celle qui autorise la femme libanaise à transmettre sa nationalité. Nous réclamons aussi la chute du régime confessionnel et un code civil pour le statut personnel. » Et d’observer que jamais les mouvements féministes n’ont été aussi actifs. « Jamais les médias n’ont autant parlé des causes féminines. Même au niveau du gouvernement et du Parlement, les discussions suscitées par ces causes sont plus sérieuses », fait-elle encore remarquer, précisant qu’il n’y a pas si longtemps, tous ces sujets étaient encore tabous.
Dans ce paysage politique ambiant, il est légitime de se demander si la femme peut prétendre bientôt à une place au sein de la vie politique libanaise. Même si certains partis politiques commencent à encourager la participation féminine, et même à envisager d’appliquer le principe des quotas, il n’est pas sûr que cette question soit prioritaire lors des prochaines législatives.

 

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