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Des citoyens qui changent le monde: #YasmineMotarjemi, seule contre #Nestlé - France Culture 28 mn #alimentation #santé #lançeusedalerte #harcèlement #travail #suisse #justice

Des citoyens qui changent le monde: #YasmineMotarjemi, seule contre #Nestlé - France Culture 28 mn #alimentation #santé #lançeusedalerte #harcèlement #travail #suisse #justice | Infos en français | Scoop.it

Des citoyens qui changent le monde: #YasmineMotarjemi, seule contre #Nestlé - France Culture 28 mn #alimentation #santé #lançeusedalerte #harcèlement #travail #suisse #justice

De simples citoyens, salariés, parents d'élèves, conseillers municipaux, se battent pour changer le monde et y parviennent. Ils mènent des combats victorieux pour le bien commun.

Directrice de la sécurité alimentaire devenue lanceuse d'alerte,Yasmine Motarjemi raconte son parcours vertigineux au sein de l'une des plus grosses industries agroalimentaires du monde.

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#Brillant : #AlainDeneault : « On est à l’aube d’une conjoncture révolutionnaire », interview 50 mn #néolibéralisme #médiocratie

#Brillant : #AlainDeneault : « On est à l’aube d’une conjoncture révolutionnaire », interview  50 mn #néolibéralisme #médiocratie

Il est devenu en quelques années l’un des plus importants intellectuels de la gauche critique du Canada, avec Naomi Klein. En France, Alain Deneault s’est fait connaître en 2013 par une réflexion sur la « gouvernance » comme façon de transformer la politique en discours purement gestionnaire, prétendument rationnel, en management apparemment soft, et en réalité très coercitif. La publication de La Médiocratie (Lux Éditeur) en 2016 le fera connaître du grand public. Un passage mémorable dans l’émission « Ce soir (ou jamais !) », face à l’économiste Philippe Aghion, futur soutien et inspirateur de Macron, circulera viralement sur les réseaux sociaux en plein démarrage du mouvement contre la loi Travail. Dans cet essai plus que jamais d’actualité, le philosophe de 47 ans soulevait notamment cette vraie question : pourquoi les médiocres sont-ils surreprésentés dans les états-majors des entreprises néolibérales et dans les allées du pouvoir contemporain ? Tirant ce fil, il livrait une réflexion profonde et perturbante sur notre monde, où les individus se voient détruits par l’invasion des normes entrepreneuriales, et soumis sans qu’ils le sachent toujours, jusque dans l’usage des mots eux-mêmes, à des intérêts capitalistiques de moins en moins distincts de la puissance publique. Il publie aujourd’hui Le Totalitarisme pervers aux éditions Rue de l’échiquier, digest passionnant de sa thèse sur la multinationale Total, De quoi Total est-elle la somme ?, qui dispute la première place boursière au groupe LVMH. Autrefois en charge des intérêts pétroliers de la France, désormais majoritairement passée sous capitaux étrangers, la pieuvre Total est ici prise comme emblème de ce que peut produire de pire une firme au-dessus des lois, issue d’une longue histoire de spoliations diverses, d’abus, et de familiarité dangereuse avec tous les pouvoirs. À travers ce cas d’école, Deneault pointe notamment les transferts de souveraineté de l’État vers les multinationales qui furent colossaux depuis quelques années, au point que ce sont quasiment les entreprises du CAC 40 qui choisissent désormais les gouvernants, on le voit, et leur réclament des comptes. Aujourd’hui de passage dans « La Guerre des idées », il dénonce un monde où les politiques d’« extrême centre » sont en train de priver l’humanité de ses sources vives, qu’elles soient écologiques, sociales ou intellectuelles, mais annonce aussi que des points de rupture dans le système restent possibles. Ainsi à tout moment une étincelle peut-elle selon lui mettre le feu à la plaine. Une bonne nouvelle inattendue dans cet océan de désespérance. journaliste : Aude Lancelin réalisation : Jonathan Duong et Cécile Frey son : Alexandre Lambert et Jérôme Chelius

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courageuse #NatachaPolony - Le #dînerDuSiècle - Le Groupe #Bilderberg - 26.05.2017 #réseaux #impérialismeUS

courageuse #NatachaPolony - Le #dînerDuSiècle - Le Groupe #Bilderberg - 26.05.2017 #réseaux #impérialismeUS #néolibéralisme #YoungLeaders #cooptation #corruptiondesélittes

Un bref cours historique de Natacha Polony sur le Diner du Siècle, le Groupe Bilderberg, les Young Leaders. Un exercice délicat car sitôt taxé de "complotisme", mais un exercice ayant le mérite de la clarté...

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Salariés VS patrons : la guerre des nerfs - C Polémique - 09/04/2017 #AgnèsVerdierCeParasiteNéoLibéral #Travail

Salariés VS patrons : la guerre des nerfs - C Polémique - 09/04/2017 #AgnèsVerdierCeParasiteNéoLibéral #Travail

Ajoutée le 10 avr. 2017

Thème du débat : Salariés-Patronat : pourquoi une si grande fracture ?
Pour en débattre, Bruce Toussaint reçoit ce dimanche :
- Philippe Poutou, candidat du NPA à l’élection présidentielle.
- Agnès Verdier-Molinié, directrice de la fondation IFRAP, auteur de Ce que doit faire le (prochain) président, Albin Michel.
- Thibault Lanxade, chef d’entreprise, vice-Président du Medef.
- Clémentine Autain, conseillère régionale d’Ile-de-France, soutien de Jean-Luc Mélenchon.
- Barbara Filhol, adjoint administratif à l’Ehpad des Lilas dans le Val-de-Marne, Syndicaliste à la CGT.
- Alexandre Malsch, entrepreneur, directeur général de Melty.

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La gauche de l' #InstitutMontaigne, Le moment #Meurice - #humour #actu #néolibéralisme #finance - France Inter

La gauche de l' #InstitutMontaigne, Le moment #Meurice - #humour #actu #néolibéralisme #finance - France Inter

Ajoutée le 23 juin 2016

Guillaume Meurice s'est rendu au colloque de l'Institut Montaigne pour y parler argent, finance, tout ça tout ça. Il y a cherché des traces de la gauche... mais il n'est pas sûr d'en avoir trouvé.

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#FrançoisRuffin - On n'est pas couché 16 avril 2016 #ONPC #NuitDebout #MerciPatron #OuverturesDesConsciences #Action

#FrançoisRuffin - On n'est pas couché 16 avril 2016 #ONPC #NuitDebout #MerciPatron #OuverturesDesConsciences #Action

François Ruffin est venu présenter son documentaire "Merci Patron !" et échanger sur l'actualité en France (Nuit debout).

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Discours sur les Fils-De-Pute #littérature #politique #corruption #libéralisme #néolibéralisme #genève

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

"

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."

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Les dérives du capitalisme financier - Idées - France Culture #podcast #corruption #banques

Les dérives du capitalisme financier - Idées - France Culture #podcast #corruption #banques | Infos en français | Scoop.it

Alors que la City de Londres est secouée ces jours-ci par l’immense scandale de la banque britannique Barclays, Jean-Marie Colombani et Jean-Claude Casanova se penchent cette semaine sur les dérives du capitalisme financier : s’est-il amendé depuis la crise ? A-t-on mis en place davantage de régulations ?
En compagnie de Gonzague de BILIGNIÈRES, membre du conseil de surveillance et du comité d'investissement d'Equistone Partners Europe (ex-Barclays Private Equity), d’Éric LE BOUCHER, rédacteur en chef d'Enjeux-Les Echos et de Marc ROCHE, correspondant à Londres du journal Le Monde.
Invité(s) :
Gonzague De Blignières, membre du conseil de surveillance et du comité d'investissement d'Equistone Partners Europe
Marc Roche, correspondant du Monde à Londres
Eric Le Boucher, rédacteur en chef d'Enjeux-Les Echos et éditorialiste à Slate.fr
Thème(s) : Idées| Economie| Débat| Finance| banques| capitalisme financier| City de Londres| crise financière| Libor| regulation financiere| scandale Barclays| trader

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Discours sur les Fils-De-Pute #littérature #politique #corruption #libéralisme #néolibéralisme

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

"

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."

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Discours sur les Fils-De-Pute #littérature #politique #corruption #libéralisme #néolibéralisme

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

"

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."

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Egalité ou égalitarisme ? : la lutte contre les #inégalités en débat #LucasChancel vs #MarcDeVos - #France24

Egalité ou égalitarisme ? : la lutte contre les #inégalités en débat #LucasChancel vs #MarcDeVos - #France24

Les inégalités sont-elles une chance ou une injustice ?... Marc De Vos, juriste, auteur du livre "Les vertus de l'inégalité" (Ed. Saint-Simon), trouve des bénéfices aux inégalités. De son coté, Lucas Chancel, économiste et auteur de l’ouvrage "Insoutenables inégalités" (Ed. des Petits Matins), s'insurge. Ils sont les invités d'Ali Laïdi pour en débattre.

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 #FloreVASSEUR - Les limites d’un système sans limite - 27 mn de #vérités-   Colloque GYPSY XIV déc 2014 -

 #FloreVASSEUR - Les limites d’un système sans limite - 27 mn de #vérités- Colloque GYPSY XIV déc 2014

Les limites d’un système sans limite.

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Vous allez cracher du sang #Macron #néolibéralisme #EnMarche #CETA #TAFTA

Vous allez cracher du sang #Macron #néolibéralisme #EnMarche #CETA #TAFTA

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En tête à tête avec #BernardStiegler , philosophe par #FrédéricTaddeï - 1h - #FranceCulture #Idiocracie

Je me demande pourquoi on devient de plus en plus cons. Voici un embryon d'explication par #BernardStiegler face à #FrédéricTaddeï sur #FranceCulture en 2012

 

En tête à tête avec Bernard Stiegler par Frédéric Taddeï

C'est en prison que Bernard Stiegler est devenu philosophe. Il y a passé 5 ans pour avoir braqué des banques. Il avait 26 ans... A présent il en a 60. Il a publié 25 livres, parmi lesquels :"De la misère symbolique","La télécratie contre la démocratie" ou " Réenchanter le monde"... Aujourd'hui sort aux éditions FYP "confiance, croyance, crédit dans les mondes industriels" c'est un livre collectif et dans quelques semaines, un nouvel essai ; "Pharmacologie du Front national" chez Flammarion.

Intervenants : Bernard Stiegler (philosophe, directeur de l'Institut de recherche et d'innovation (IRI)

Emission du 16.09.2012

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Concepts nomades-26 mn-" #Corruption dla Cité commence par celle des mots" (#Platon) #réthorique #néolibéralisme

Concepts nomades-26 mn-" #Corruption dla Cité commence par celle des mots" (#Platon) #réthorique #néolibéralisme | Infos en français | Scoop.it

Concepts nomades - 26 mn-RTS  " #Corruption de la Cité commence par celle des mots" (#Platon) #réthorique"

Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde" a écrit Albert Camus. Mais mêmes les mots les plus communs, les plus utilisés, n’ont pas le même sens pour tout le monde et l’utilisation de certains concepts est parfois très éloignée de leur signification première. Quelles en sont les conséquences?

Nous posons la question à Olivier Christin, professeur à l’Université de Neuchâtel et directeur de l’ouvrage "Dictionnaire des concepts nomades" aux éditions Métailié.

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#Documentaire #Cashinvestigation - Salariés à prix cassé : le grand scandale / intégrale 140 mn #OnVautMieuxQueCa #NéoLibéralisme #Europe (de merde)

#Documentaire #Cashinvestigation - Salariés à prix cassé : le grand scandale / intégrale 140 mn #OnVautMieuxQueCa #NéoLibéralisme #Europe (de merde)

Ajoutée le 23 mars 2016

Cash investigation - Salariés à prix cassé : le grand scandale
Depuis son instauration en 1996, la directive européenne 96/71/CE sur le détachement des travailleurs a bénéficié à plusieurs millions de salariés. En quinze ans, le recours à ces travailleurs n'a cessé d'augmenter. La fraude sociale des entreprises s'est, elle aussi, envolée. En 2010, en France, on estimait à 300 000 le nombre de travailleurs détachés non déclarés contre un peu plus de 200 000 «salariés légalement détachés». Soit un manque à gagner estimé à 380 millions d'euros pour le système de protection sociale. Le premier reportage de ce numéro de «Cash investigation» fait découvrir le chantier du terminal méthanier de Dunkerque, où des travailleurs détachés ont été exploités et dont la vie a parfois été mise en danger.
Elise Lucet
France 2

Le magazine d'enquête de France 2 revient à l'antenne avec encore de nombreuses révélations sur des dossiers brûlants

Toutes l'actualité de Cash Investigation
http://www.francetvinfo.fr/replay-mag...
https://www.facebook.com/cashinvestig...
Twitter: @cashinvestigati

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important et sérieux : 737 entités contrôlent 80 % de la valeur des entreprises mondiales - Capitalisme - Basta !

important et sérieux : 737 entités contrôlent 80 % de la valeur des entreprises mondiales - Capitalisme - Basta ! | Infos en français | Scoop.it

Une étude d'économistes et de statisticiens, publiée en Suisse en 2011 met en lumière les interconnexions entre les multinationales mondiales.

L'étude complète en anglais est disponible ici  http://arxiv.org/abs/1107.5728L

 

 

Le blog de Paul Jorion propose une traduction en français de la présentation détaillée de l’étude. 

 

http://www.pauljorion.com/blog/?p=28360

 

 

 

 

 

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Discours sur les Fils-De-Pute #littérature #politique #corruption #libéralisme #néolibéralisme

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

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Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."

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"Les Fils-De-Pute "  #littérature #politique #corruption #libéralisme #néolibéralisme

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute.

Aussi loin que remonte la mémoire, nous savons que les fils-de-pute qualifiés pour faire collaborent étroitement avec les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ; ils collaborent, c’est-à-dire que les fils-de-pute qualifiés pour ne pas laisser faire ont pour occupation et préoccupation suprême de ne rien laisser faire qui défasse ce que font les fils-de-pute qualifiés pour faire.

Une des situations que ce fils-de-pute qualifié pour ne pas laisser faire aime le plus occuper est un bureau de secrétariat, parce que le secrétariat/ n’est pas / le lieu où l’on fait / mais le lieu où l’on ne fait pas / où l’on met sous le tas le papier qui devrait être au-dessus, où l’on crée des difficultés, où l’on retarde la remise des papiers, où l’on affirme ignorer ce que l’on sait et savoir ce que l’on ignore ; c’est au secrétariat que l’on commence à cesser de faire ce pourquoi la vie est faite et où l’on se met à faire ce qu’il convient au secrétariat que l’on fasse, au point de ne plus rien faire que ce qui arrange le secrétariat, c’est-à-dire ce qui n’arrange pas les gens, mais bien ce qui arrange le secrétariat.

Être fils-de-pute détruit la vie des autres sans améliorer la sienne.

Tous les fils-de-pute cherchent à rabaisser, à bafouer la dignité de tout ce qui n’est pas propre aux occupations du fils-de-pute. Si le fils-de-pute a besoin d’acheter le travail de quelqu’un et met dans le journal une annonce à cet effet, il ne demande pas un travailleur, il dit qu’il accepte un travailleur, qu’il accepte le travail de quelqu’un : « On accepte un travailleur » disent alors tous les fils-de-pute, et ils rabaissent ainsi le travail dont ils ont besoin et qu’ils prétendent accepter.

A force de ne pas vouloir abandonner les situations qu’il occupe et à force d’occuper toujours plus de situations, le fils-de-pute constate, de plus en plus, que la vie est une source de préoccupations. Il est d’autant plus préoccupé qu’il est plus fils-de-pute. Même quand il est en vacances, le fils-de-pute se préoccupe de ce que les autres peuvent bien faire en son absence et même de ce que les autres ne font pas mais pourraient faire. Et s’il en est ainsi, et il en est ainsi, comment est-il possible qu’il y ait encore des gens pour soutenir que la vie du fils-de-pute est agréable ? La vie du fils-de-pute ne varie pas, elle ne varie jamais. Pendant qu’il mange il passe son temps à se souvenir d’autres repas, dans d’autres endroits, avec d’autres fils-de-pute. De sorte qu’il mange préoccupé et préoccupant les autres, se rappelant qu’on peut

manger mieux. S’il va au spectacle, il n’y va pas pour satisfaire un besoin; le fils-de-pute va au spectacle parce que cela fait partie de ses obligations de fils-de-pute, il y va pour montrer qu’il y est allé, qu’il a rempli son devoir, et il y va pour voir, pour contrôler si les autres y sont venus, s’ils ont rempli leur devoir, qui est d’aller là où les fils-de-pute entendent que l’on doit aller. Le fils-de-pute y va et se préoccupe de ceux qui sont là et de ceux qui n’y sont pas, il se préoccupe de l’endroit où sont ceux qui sont là et de la manière qu’ils ont d’y être, et il se préoccupe de ceux qui ne sont pas là, et demande toujours d’un air étonné et légèrement réprobateur « si un tel n’est pas là », « si un tel n’est pas venu », « si un tel est absent et pourquoi », « pourquoi il est absent », « à quoi il a occupé son temps » celui qui n’a pas occupé son temps comme le fils-de-pute entend que le temps devait être occupé.

On est fils-de-pute full-time. Du matin au soir et du soir au matin, le fils-de-pute n’oublie jamais qu’il est un fils-de-pute.

Malgré tout, oui, malgré tout le fils-de-pute est/ relativement content de soi.

Comme naître est la pire des choses qui pouvait lui arriver, le fils-de-pute fils ne pense qu’à devenir bien vite fils-de-pute père en en fabriquant un autre qui soit à sa merci, il éprouve de l’orgueil à mesure que son fils cesse de faire ce qu’il serait naturel qu’il fit pour se mettre à faire ce que lui, fils-de-pute, fait ; il éprouve de l’orgueil à mesure qu’il voit son fils se transformer toujours plus en son fils-de-pute à lui, en un nouveau fils-de-pute lui aussi fils-de-pute. « Je veux que tu sois plus fils-de-pute que moi ».

On n’a pas encore bien établi si l’incapacité de vivre ou de laisser vivre qui caractérise le fils-de-pute est congénitale ou acquise ; en d’autres mots, on ne sait pas encore bien si le fils-de-pute naît fils-de-pute ; je crois cependant pouvoir affirmer qu’on naît fils-de-pute et qu’on le devient. Si l’une de ces conditions manque, nous voici devant le fils-de-pute frustré, c’est-à-dire ce fils-de pute pour qui la situation qui lui convient est déjà occupée ou alors n’existe pas encore.

Le fils-de-pute est-il éternel ? Est-il éternel, le fils-de-pute ? Oui, tout porte à croire que le fils-de-pute est éternel. Qui n’a observé par exemple ce qui arrive chaque fois que les fils-de-pute institutionnalisés et bien en place commencent à s’user et à se fatiguer? Qui n’a observé que c’est parmi ces fils-de-pute encore novices que sont alors recrutés les nouveaux fils-de-pute, et il y a toujours un nombre infini de fils-de-pute qui passent leur vie à attendre la place qui leur est due dans le gratin des fils-de-pute.

Comment expliquer que les fils-de-pute, parfois même entre eux, se laissent mourir, se font mourir, se trucident et s’entre-trucident ? Est-ce seulement le désir, l’ambition d’être toujours plus fils-de-pute, le meilleur fils-de-pute, jusqu’à arriver à être, si possible, le nec plus ultra des fils-de-pute ?

Cela ne le dérange jamais de laisser, ou même de faire mourir les autres. Cependant, tous ceux que le fils-de-pute a internés, leur vie durant, dans des maisons de fous et des asiles, des prisons, tous ceux dont il a maquillé le meurtre en suicide, tous ceux que le fils-de-pute a exclu de la vie parce qu’il les craignait, ils les reçoit à nouveau, après

leur mort, en son sein de fils-de-pute. C’est toujours la mort que les fils-de-pute commémorent, c’est toujours la date de la mort: célébrer les morts et mettre en pièce les vivants.

 

 

Juan Carlos Hernandez's curator insight, March 27, 2013 9:00 AM

Car ce texte de l'écrivain portugais Alberto Pimenta  est essentiel 

Quelques personnes se reconnaîtront parmi mes "amis" FB et suiveurs Twitter

Merci de me virer illico presto si vous vous reconnaissez

 

"

Par Alberto Pimenta, écrivain portugais né en 1937, texte écrit en 1977 dans "Discurso Sobre o Filho-da-Puta (Teorema, Lisbonne)" :

 

 "Il y a des gens pour prétendre que le fils-de-pute n’est qu’une façon de parler. Pourtant, l’existence de tant de portraits de lui, de tant de rues, de places, de collèges qui portent son nom ne suffit-t-elle pas pour en finir avec d’éventuels doutes quant à son existence réelle ? Qui, en effet, aurait assez d’imagination pour inventer tant de variétés de fils-de-pute? Non ! Le fils-de-pute existe. Le fils-de-pute existe/ et se trouve pratiquement partout :

Pour définir le fils-de-pute, la situation qu’il occupe est primordiale: presque toujours le fils-de-pute occupe la situation qui est le mieux faite pour lui. Il est extrêmement rare que de grands fils-de-pute occupent des situations inférieures ; moins rares est le cas inverse des petits fils-de-pute qui occupent des situations élevées. Cependant, la plupart des fils-de-pute occupent diverses situations, parce que les situations pour fils-de-pute sont plus nombreuses encore que les fils-de-pute eux-mêmes, et, comme on sait, les situations pour fils-de-pute ne peuvent être occupées que par des fils-de-pute, un point c’est tout.

Jamais personne n’a exigé de lui qu’il transforme et qu’il humanise la société et que, pour cela, il crée les intérêts, les enclos, le fils de fer barbelé, les normes, les règles et les exceptions, les grades, les habilitations, les certificats, les rapports, les commissions, les tests, les traités, les théories, les codes, les accords, les formules, personne ne l’a chargé de se sacrifier pour l’ordre et le progrès, personne ne veut le voir en proie à des préoccupations ; c’est lui-même qui le veut ainsi.

Combien et combien de variétés de fils-de-pute ! Que de temps, que de patience n’exigerait pas leur étude ! Et comme ils sont si nombreux et qu’ils occupent tant de situations, quelques-uns peuvent même se permettre de faire semblant de n’être pas des fils-de-pute...."